“Des rythmes électro, des influences hip-hop, mais surtout, des titres bien écrits qui savent montrer un respect de la tradition sans s’en encombrer”
Le blues est décidément increvable. Rivherside n’est pas le premier projet qui se réapproprie le vénérable ancêtre du rock, mais fait indéniablement partie du haut du panier. En effet, il ne suffit pas d’ajouter deux louches d’électro et quelques touches de hip-hop au petit bonheur la chance pour aboutir à un résultat probant. Buddy Guy avait parfaitement réussi à proposer du blues moderne sur son album Sweet Tea (2001), tandis que Scarecrow, projet très blues/hip-hop, peine à se montrer vraiment convaincant (au moins sur album, le groupe est bien meilleur sur scène). Lancé en 2012, Rivherside a pour première particularité d’être un one-man band, celui du Clermontois Renaud Villet, dont c’est le deuxième effort long format (sorti en juin dernier, l’été, que voulez-vous), mais le premier sur lequel il emploie sa boîte à rythmes (après deux EP qui lui ont permis d’expérimenter). Première impression à l’issue d’une écoute superficielle, l’homme aime le blues et le connaît sur le bout des doigts : les variations d’un titre comme “Paranoid”, simples en apparence, jouent habilement avec le rythme, de sorte que Renaud parvient à nous tenir en haleine avec un seul riff. Saluons également sa performance au micro : sa voix chaleureuse, avec un côté crooner de bon aloi, sonne authentique mais pas cliché. En parlant de cliché, on ne peut pas dire qu’ils soient nombreux sur cet album : si la présence de la boîte à rythme légèrement électro (on le ressent essentiellement quand le rythme accélère) permet d’apporter une petite touche de renouveau, c’est avant tout via les compositions elles-mêmes que Renaud prend ses libertés avec le blues de papa, pour lequel son amour transparaît néanmoins clairement. Des rythmes électro, des influences hip-hop, mais surtout, des titres bien écrits qui savent montrer un respect de la tradition sans s’en encombrer : l’instrumental “Albert Dre Junior” commence par se concentrer sur la guitare lead, avant de faire place à une ambiance typiquement hip-hop, sans que l’on ressente une quelconque cassure. Comme quoi, bien plus que l’ajout d’influences issues d’autres horizons, le succès (ou au moins, la réussite) dépend avant tout des capacités d’écriture de l’auteur. Les influences hip-hop restent d’ailleurs en retrait, même si le featuring de TDB sur “Muddy Water” est forcément plus explicite. Sur la totalité de l’album, cela reste discret, mais fonctionne tellement bien que l’on pourrait regretter de ne pas voir cette influence davantage présente. Mais c’est bien le blues qui règne en maître tout du long. Alors il y a tout de même quelques riffs qui se répètent un peu ici et là, (“Something”, “See how they shine”), le premier titre (“Need to speed”) sonne un peu plastoque avec une boîte à rythmes et une guitare qui bavent (encore que c’est probablement voulu), et si les influences apportent une certaine fraîcheur (bienvenue), elles pourraient se faire un poil plus présente à l’avenir qu’on ne s’en plaindrait pas. Cela étant, il s’agit moins de reproches que de remarquer que la marge de progression est bien présente : il s’agit, de plus, du premier album (précédé par 2 EP) sur lequel Renaud Villet met de l’eau dans son blues. Ayant développé une personnalité plus marquée, on pourrait peut-être considérer ce Electraw blues album comme le véritable acte de naissance du projet. Un projet qui redonne le goût du blues et montre que le genre a encore un bel avenir devant lui.
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