A l’image de bien d’autres musiques, le blues évolue. Et même si les racines restent les mêmes, des influences modernes se font parfois sentir dans les oeuvres que produisent les artistes de nos jours. Il y a déjà quelques temps, je vous parlais ici-même de Rivherside, projet français émanation d’un p’tit gars de Clermont-Ferrand, Renaud Villet, dont j’avais beaucoup aimé le “Something On My Mind”, quasiment réalisé tout seul. Lors de notre rencontre, il m’avait expliqué qu’à l’avenir, il souhaitait travailler avec un spécialiste de l’électronique. Légère moue de ma part à l’époque, mais à l’arrivée, le nouvel opus de Rivherside, “Electraw Blues Album”, vaut le déplacement. Comme promis, Renaud a recours à l’électronique, et c’est d’ailleurs lui qui est derrière la plupart du drum programming présent un peu partout sur le disque. Il fait également appel à des invités pour un peu de beatbox ou du scratch. Le résultat est surprenant, mais reste fondamentalement blues. Un peu à l’image de ce que fait Gary Clark Jr. de l’autre côté de l’Atlantique, Rivherside prend en compte l’environnement musical d’aujourd’hui et l’intègre dans ses compos pour un résultat qui séduira les oreilles pour peu qu’elles soient un peu tolérantes. Le drum programming se fond finalement assez bien dans “Need to speed”, l’excellent instrumental “Albert Dre Junior”, “Muddy water”, ou la reprise du “Skinny woman” de R.L. Burnside. “Paranoid” (rien à voir avec Black Sabbath ou Grand Funk) sautille comme tout boogie qui se respecte, et le disque est traversé de belles parties de guitare, l’instrument de prédilection de Renaud/Rivherside (“Come over here”, “See how they shine”). Au final, un disque surprenant, qui risque même de rebuter au début, mais qui mérite vraiment l’écoute, ne serait-ce que pour sa volonté d’innover et de proposer un nouveau blues pour le XXIe siècle.