À 75 ans, le natif de Drew, Mississippi, présente son 11ème CD pour le label néerlandais de Jan Mittendorp, Black & Tan Records. Avec le boss du label, l’osmose a été immédiate et perdure au fil des ans pour délivrer, d’album en album, un blues hypnotique et créatif. En effet, malgré le nombre de disques, on ne se lasse pas d’entendre Boo Boo souffler à corps perdu dans son harmonica, déclamer ses textes sur une base syncopée comme dans l’excellent Chocolate, l’accompagnement minimaliste de Jan à la guitare ou l’association basse-batterie faisant le reste. Ce qui pouvait un peu déranger lors de précédents albums, à savoir une direction affichée vers un esprit « garage », est ici gommée à mon avis avec succès. Boo Boo écrit ses textes, parle de la vie, parfois avec humour, raconte des histoires et les onze titres défilent sans qu’on s’en aperçoive. Stay Out All Night, What’s The Matter With You Baby sont marquants d’un changement de cap dans l’esprit que les protagonistes ont voulu donner à cet album, faisant fi des effets et autres échos (parfois top néanmoins dans les précédentes sessions) pour revenir à des choses simples, à une musique dépouillée, pour notre plus grand plaisir.
interview Boo Boo Davis with David Baerst (France)
here is the complete text of an interview Boo Boo Davis did wiht David Baerst last month before his show in Strasbourg (France):
Nda : Quelques jours avant l’entretien qui suit, Jan Mittendorp (le manager de Boo Boo Davis) m’a gentiment prévenu. Interviewer ce bluesman du Mississippi n’est pas une chose aisée, c’est une véritable aventure dont on ne peut jamais connaitre l’issue à l’avance. L’artiste ne suit pas règle précise et peut répondre par un sujet tout autre que celui sur lequel on l’a questionné.C’est donc avec une certaine appréhension que je me suis rendu à notre rendez-vous…
Là, je me suis retrouvé face à un être charmant, doté d’un grand sens de l’humour bien que marqué par de profondes stigmates, inhérentes à une existence pour le moins difficile. D’emblée, le bonhomme m’avertit lui aussi : « ce ne sera pas facile pour toi, je ne parle pas anglais…je m’exprime dans le langage des bluesmen du delta, un « dialecte » que seuls les gens tels que moi peuvent saisir ». Chose parfaitement compréhensible, tant la vie de cet artiste né en 1943, semble éloignée de celle que nous pouvons connaitre, aujourd’hui, en Europe. Travaillant dès son plus jeune âge dans les champs de coton, il a souffert de la ségrégation raciale et s’est réfugié dans la religion ainsi que dans la musique. Harmoniciste dès l’âge de 5 ans à l’église, puis guitariste et batteur se produisant au sein du groupe familial Lard Can Band (nommé ainsi car, ne pouvant se permettre d’acheter une batterie complète, le jeune homme s’exerçait sur des seaux métalliques contenant de la graisse de porc), Boo Boo s’est lancé dans une carrière d’accompagnateur avant d’être repéré par le fondateur du label Black & Tan. Depuis, il a signé (en tant que chanteur-harmoniciste) une bonne douzaine d’albums qui rendent grâce à son immense talent.
Quelques heures après notre entretien, sur scène, Boo Boo Davis a démontré à l’occasion d’un impressionnant concert qu’il était l’un des derniers représentants du blues originel…un diamant d’une rare pureté…
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review Rivherside in Causette Magazine (France)
RIVHERSIDE – BLUES IN CLERMONT
Non, le blues n’est pas mort, car il bande encore ! Qu’on pardonne cette grivoiserie qui n’a d’autre but que de traduire un enthousiasme sincère pour une musique aux pieds solidement ancrés dans le delta du Mississippi, la tête dans le Cloud. Renaud Villet est informaticien à l’Université Clermont-Auvergne, mais c’est bien le virus du blues qu’il a contracté. À l’instar d’un Muddy Waters du XXIe siècle, armé d’une guitare et du logiciel Ableton Live, il écrit en anglais, compose, interprète et produit seul des chansons d’une authenticité folle. On est frappé d’entrée par les couleurs chaudes des guitares électriques, allant du Chicago blues au rock sans qu’on n’ait jamais l’impression d’un ersatz ni d’une redite. Puis vient la voix, traitée à l’ancienne avec l’écho en slapback, qui ajoute à la pertinence du son. Enfin, la boîte à rythmes, quelques scratchs et synthés çà et là qui donnent à l’ensemble une touche hip-hop électro subtile mais efficace. En 1974, Coluche faisait rire en accolant dans une chanson «blues» et «Clermont-Ferrand», Rivherside change la donne. Du grand art.
review Rivherside on La Grosse Radio
“Des rythmes électro, des influences hip-hop, mais surtout, des titres bien écrits qui savent montrer un respect de la tradition sans s’en encombrer”
Le blues est décidément increvable. Rivherside n’est pas le premier projet qui se réapproprie le vénérable ancêtre du rock, mais fait indéniablement partie du haut du panier. En effet, il ne suffit pas d’ajouter deux louches d’électro et quelques touches de hip-hop au petit bonheur la chance pour aboutir à un résultat probant. Buddy Guy avait parfaitement réussi à proposer du blues moderne sur son album Sweet Tea (2001), tandis que Scarecrow, projet très blues/hip-hop, peine à se montrer vraiment convaincant (au moins sur album, le groupe est bien meilleur sur scène). Lancé en 2012, Rivherside a pour première particularité d’être un one-man band, celui du Clermontois Renaud Villet, dont c’est le deuxième effort long format (sorti en juin dernier, l’été, que voulez-vous), mais le premier sur lequel il emploie sa boîte à rythmes (après deux EP qui lui ont permis d’expérimenter). Première impression à l’issue d’une écoute superficielle, l’homme aime le blues et le connaît sur le bout des doigts : les variations d’un titre comme “Paranoid”, simples en apparence, jouent habilement avec le rythme, de sorte que Renaud parvient à nous tenir en haleine avec un seul riff. Saluons également sa performance au micro : sa voix chaleureuse, avec un côté crooner de bon aloi, sonne authentique mais pas cliché. En parlant de cliché, on ne peut pas dire qu’ils soient nombreux sur cet album : si la présence de la boîte à rythme légèrement électro (on le ressent essentiellement quand le rythme accélère) permet d’apporter une petite touche de renouveau, c’est avant tout via les compositions elles-mêmes que Renaud prend ses libertés avec le blues de papa, pour lequel son amour transparaît néanmoins clairement. Des rythmes électro, des influences hip-hop, mais surtout, des titres bien écrits qui savent montrer un respect de la tradition sans s’en encombrer : l’instrumental “Albert Dre Junior” commence par se concentrer sur la guitare lead, avant de faire place à une ambiance typiquement hip-hop, sans que l’on ressente une quelconque cassure. Comme quoi, bien plus que l’ajout d’influences issues d’autres horizons, le succès (ou au moins, la réussite) dépend avant tout des capacités d’écriture de l’auteur. Les influences hip-hop restent d’ailleurs en retrait, même si le featuring de TDB sur “Muddy Water” est forcément plus explicite. Sur la totalité de l’album, cela reste discret, mais fonctionne tellement bien que l’on pourrait regretter de ne pas voir cette influence davantage présente. Mais c’est bien le blues qui règne en maître tout du long. Alors il y a tout de même quelques riffs qui se répètent un peu ici et là, (“Something”, “See how they shine”), le premier titre (“Need to speed”) sonne un peu plastoque avec une boîte à rythmes et une guitare qui bavent (encore que c’est probablement voulu), et si les influences apportent une certaine fraîcheur (bienvenue), elles pourraient se faire un poil plus présente à l’avenir qu’on ne s’en plaindrait pas. Cela étant, il s’agit moins de reproches que de remarquer que la marge de progression est bien présente : il s’agit, de plus, du premier album (précédé par 2 EP) sur lequel Renaud Villet met de l’eau dans son blues. Ayant développé une personnalité plus marquée, on pourrait peut-être considérer ce Electraw blues album comme le véritable acte de naissance du projet. Un projet qui redonne le goût du blues et montre que le genre a encore un bel avenir devant lui.
review Rivherside in ABS Magazine (France)
Le parcours de Renaud Villet est celui d’un véritable passionné de la note bleue, que ce soit comme guitarist chanteur band leader en duo guitare-harmonica ou, depuis 2012 en solo. Et c’est peut-être la a mon sens qu’il a réellemnet trouvé sa voie, dans un blues plus roots, tres orienté Mississippi. Son premier album en one-man-band, <Something On My Mond>, en 2013 (Keffren), avait donné le ton. En 2014, l’orientation évolue avec des sonorités clairement électro et hip-hop. traduites dans un EP autoproduit <Electraw Blues EP>, avant une collaboration en 2015 avec rapper TDB concrétisée par un nouvel EP <Inner Voices>. Mais ce qui manquait a ce musicien toujours en quete d’évolution, c’était un label reconnu et une distribution adéquate. Répons avec Black & Tan, référence pour associer blues et électro. Du coup, la voie est libre pour s’exprimer pleinement avec 12 titres originaux. Renaud assure les parties voix, guitare, basse, drums et programming et des invités l’accompagnent sur certaines faces dont Dave Crowe (du duo Heymoonshaker) a la beatbox sur un titre, LigOne, ou TDB pour ne citer qu’eux. Une version vinyle de l’album est prévue a l’automne, belle récompense pour ce musicien talentueux.
Boo Boo Davis featured in French magazin
nice article on Boo Boo Davis by Eric Hauswald was published in CAUSETTE #67:
BOO BOO DAVIS le blues à l’état pur
Tombé tout petit dans la marmite du blues, ce septuagénaire né dans le delta du mississippi a été révélé au public il y a moins de vingt ans. Une voix profonde, sans artifice, à découvrir d’urgence dans un nouvel album. Il y a fort à parier que vous n’avez jamais entendu parler de Boo Boo Davis. En effet, ce bluesman de 72 ans ne sachant ni lire ni écrire ne défraie pas la chronique. Et pourtant… Une voix pareille vous prend aux tripes et vous donne immédiatement le senti- ment que la musique a une âme. C’est exactement ce qu’a ressenti Jan Mittendorp il y a presque vingt ans. Jan est néerlandais, guitariste, passionné de blues et créateur du label Black & Tan Records, qui produit des artistes américains de blues très authentiques. Un jour de 1997, alors qu’il écoute un titre d’Arthur Williams où le batteur chante également, il est saisi par une voix profonde, directe et sans artifice qui se révèle être celle d’un certain Boo Boo Davis. Il entame alors des recherches et réussit à convaincre ce dernier de se tourner vers le chant et d’enregistrer sous son nom, ce qu’il n’avait jamais fait. C’est le début d’une belle aventure. S’ensuivront huit CD dont ce One Chord Blues est un florilège.
Boo Boo, Papa et les futures stars
L’histoire de Boo Boo Davis commence le 4 novembre 1943 à Drew, dans le delta du Mississippi. Cette ville de 1 600 habitants à peine, au cœur de la région la plus sudiste des États-Unis, est entourée de plantations de coton. La ségrégation raciale y est très forte. À l’époque, il n’est pas rare que des policiers blancs abattent arbitrairement des citoyens noirs au prétexte qu’ils ont l’air d’évadés du pénitencier de Parchman, à une douzaine de kilomètres de là. Sale temps pour les descendants d’esclaves. Continue reading Boo Boo Davis featured in French magazin
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